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Quarante entreprises s'engagent pour l'emploi dans les quartiers


Sans que l'on sache encore le sort qui sera réservé aux zones franches urbaines (ZFU) après 2014, le ministre délégué à la Ville souhaite inciter les entreprises à investir les quartiers. François Lamy a signé, jeudi 20 juin, une charte avec 40 entreprises qui s'engagent ainsi "à favoriser pour les habitants des quartiers populaires l'accès à l'emploi ou la création d'entreprises", mais également à "agir pour le développement économique, social et culturel" dans différents domaines : éducation, orientation, médiation, services à la population, soutien à l'entrepreneuriat et clauses d'insertion.
Parmi ces entreprises, figurent notamment GDF Suez, EDF, Vinci, Carrefour, Coca Cola, Accenture, la SNCF, L'Oréal, Paprec... On retrouve en réalité les signataires de l' "engagement national pour l'insertion professionnelle des jeunes des quartiers" signé en février 2008 dans le cadre du plan Espoir Banlieues de Fadela Amara. Mais cinq ans après, la situation a guère changé.
"La crise économique représente la double peine pour les demandeurs d'emplois qui résident dans les quartiers populaires. Le taux de chômage dans les zones urbaines sensibles (ZUS) est de plus de 23%, deux fois et demi supérieur à la moyenne nationale, des taux qui atteignent près de 60% dans certains quartiers", souligne le ministère délégué à la Ville. Le dernier rapport de l'Onzus (Observatoire national des zones urbaines sensibles), publié en novembre 2012, montre même un tassement du nombre d'entreprises installées en ZFU en 2011, avec la plus faible progression depuis 2007. Alors que le nombre d'installations était sur un rythme de 5.000 par an, il est tombé à 328. "C'est la première fois que les effets de la crise économique sont si manifestes", alerte l'observatoire.
Cette charte fait suite à une convention d'objectifs, signée en avril dernier avec le ministre du Travail sur l'emploi dans les quartiers prioritaires, qui vise notamment à porter à 30% d'ici à 2015 la proportion de jeunes issus de ces quartiers parmi les bénéficiaires des nouveaux emplois d'avenir. Le ministère a également lancé les "emplois francs", application de la théorie de la discrimination positive : une entreprise, quel que soit son siège, peut bénéficier d'une subvention de 5.000 euros pour le recrutement d'un jeune issu des quartiers. 10.000 emplois sont prévus en trois ans. Le dispositif est aujourd'hui expérimenté dans dix villes pilotes. Par ailleurs, bpifrance est en train d'installer un fonds de soutien à l'entrepreneurtiat dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Mais s'agissant des ZFU, François Lamy a dit qu'il attendait les conclusions du Cese d'ici la fin de l'année.

Michel Tendil

L'ONZUS propose de penaliser la Discrimination à l'adresse
Oui l'adresse peut constituer un élément discriminant pour être reçu à un entretien d'embauche. C'est la conclusion d'un "testing" réalisé par l'Onzus entre octobre 2011 et février 2012, à partir de six adresses : trois à Paris et trois en Seine-Saint-Denis. L'objectif : comparer les chances d'être reçus à un entretien d'embauche de deux candidats similaires, en se limitant au secteur de la restauration. Conclusion : un habitant de Paris a plus de chance d'être reçu à un entretien qu'un habitant de Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, les serveurs et cuisiniers de niveau CAP résidant dans un quartier défavorisé de Paris ont significativement moins de chances d'accéder à l'entretien d'embauche que ceux résidant dans un quartier favorisé de Paris.
Selon l'Onzus, ces "conclusions confirment celles issues des travaux précédents sur d'autres professions qui concluaient systématiquement à un effet marqué du lieu de résidence". "L'incitation à changer de lieu de résidence, à la fois de quartier mais aussi de département, peut donc être massive lorsque l'on cherche à sortir du chômage", souligne-t-il.
Pourtant, en 2012, l'Onzus était sur le point de publier une étude aboutissant à une conclusion bien différente : un jeune (de 15 à 24 ans) de quartier sensible a 1,4 fois plus de risque d'être hors emploi, trois ans après sa sortie de formation initiale. Une différence que l'observatoire qualifiait alors de "marginale",  soulignant que l'adresse était moins déterminante dans l'accès à l'emploi que d'autres critères, en particulier le niveau de formation. D'ailleurs, le rapport de l'Onzus montre que seulement 3% des habitants des quartiers se disent victimes de discrimination liée à leur lieu de vie (contre 0,9% pour les habitants hors ZUS)...
Quoi qu'il en soit, l'Onzus estime aujourd'hui que les discriminations en raison du lieu de résidence justifient la mise en oeuvre de "politiques de remédiation", à l'heure de la réforme de la géographie prioritaire. Il propose en outre de reconnaître juridiquement la discrimination en raison du lieu de résidence, comme le sont les discriminations liées au sexe, à l'origine ou au handicap (article 225-1 du Code pénal).
M.T.

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